Elle immobilise la voiture et retire la clé du contact. Je ferme les yeux une demi-seconde, comme un long clignement de yeux, simplement pour calmer mon angoisse. Celle qui ne devrait pas être puisqu’on se connaît depuis longtemps… Trop longtemps? Elle me regarde et je n’arrive pas à déchiffrer ce regard dans lequel j’ai pourtant plongé des milliers de fois. 

D’un même mouvement, nous sortons de la voiture et nous dirigeons vers l’entrée du chalet destiné à célébrer notre anniversaire de couple; notre amourversaire comme nous l’appelions. Un tour du soleil est passé et nos corps ne se reconnaissent plus. Nos bouches ne s’explorent plus, elles ne s’implorent plus. Elles peinent à se parler.

Je m’étais promis que jamais, je ne laisserais la routine prendre toute la place et pourtant, nos nouveaux rôles de mères ont eu raison des plaisirs au quotidien. 

Un épais silence brouillé par l’interférence des futilités du quotidien et des pleurs de bébé. Des repas partagés à la table du salon où seules les répliques de notre dernière série meublent l’écho du vide, envahissant. 

Il m’arrive d’étirer la main pour effleurer sa peau que j’ai tant de fois cartographiée. Je crains qu’elle ne sente et ne s’écarte.

Je l’aime tellement que ça me fait mal. 

Ce week-end en amoureuses, c’est notre dernière chance. 

C’est ce qui tourne en boucle dans ma tête alors qu’elle ouvre la porte. Ça sent un peu l’humidité et le bois dans le chalet rustique, mais familier. Ce n’est pas la première fois que nous y venions. C’est ici que nous étions venues lors de notre tout premier amourversaire. Je me souviens les câlins, nues après l’amour, sur le divan moelleux. Nos cheveux en bataille comme nos cœurs, une simple couverture jetée sur nos épaules et nos sourires niais. 

Une infime partie de moi espère que le chalet jouera de sa magie.

J’espère que nous nous retrouverons.

***

Je m’occupe toujours de la coupe des légumes tandis que c’est elle qui goûte, ajuste, mélange. C’est elle qui a l’instinct de la cuisinière. Je l’observe, à la dérobée. 

Tandis que le repas mijote, elle part à la chambre et revient avec une bouteille de vin. Elle sort deux gobelets de plastique rouge d’une armoire, les remplis de liquide et m’en offre un. 

Elle lève enfin les yeux et tend son breuvage vers moi. Le plastique qui s’entrechoque se froisse tandis que nos regards, eux, s’accrochent. 

C’est comme se voir pour la première fois. 

Je dépose le gobelet et doucement, je m’approche. Chacun de mes pas se dépose délicatement sur le sol pour ne pas troubler le moment qui se dessine. À son tour, elle dépose son verre et me tend la main. Elle m’entraîne à la salle de bain où elle me chuchote : « Je suis désolée. Désolée qu’on se soit oubliée. Je t’aime. »

Elle se saisit du bord de mon chandail et doucement, le glisse par-dessus ma tête. Chaque fois qu’elle m’enlève un vêtement, elle s’en enlève un à son tour. Qu’elle est belle, toute nue. Je me permets de parcourir ses courbes du regard tandis que la pièce s’emplit de vapeur à cause de la douche. 

Une fois dans la douche, nos regards toujours soudés l’un à l’autre, je dépose ma main sur sa nuque et approche ses lèvres des miennes. Un baiser d’une douceur et d’une fougue que je n’aurais osée imaginer. J’ai soif d’elle; de nous. Nos mains s’activent, un peu plus rapidement. Elle empoigne mes fesses tandis que je dépose des baisers de son cou à ses seins. Je permets à ma langue de lécher ses mamelons, puis je me dépose à genoux devant son pubis. C’est léger, mais je sens son corps qui tremble. Ma langue passe sur ses grandes lèvres, puis les écarte pour la goûter, elle. 

Je m’attarde sur ses petites lèvres que j’aspire tout doucement, tandis que je l’entends respirer de plus en plus fort. Je remonte vers son clitoris que je mouille de salive tandis que je la pénètre avec mes doigts. Elle gémit. Toutefois, elle me demande de me relever et ferme le robinet. 

Elle s’empare d’une serviette. Elle la passe sur mon visage, puis sur mes épaules. Elle descend sur ma poitrine qu’elle sèche avec tendresse. Elle détaille chaque creux, chaque recoin de mon être. Elle s’accroupit pour sécher mes jambes, puis mes fesses. Elle laisse tomber la serviette et m’embrasse d’un long baiser d’où l’amour transcende. 

C’est dans le lit que nous continuons notre exploration. Elle se penche vers son sac et en sort une pochette en micro-daim. Elle en sort un collier, mais ne le glisse pas autour de son cou. Elle me demande plutôt de m’allonger. Elle prend place sur moi. Je dépose mes mains dans le creux de ses reins tandis qu’elle m’embrasse. Nos corps se frottent et je sens que je suis très mouillée. Au moment où je me dis que j’ai faim d’elle, elle se dirige vers mon entre-jambe et y glisse le pendentif du collier : c’est un vibrateur. Elle l’appuie sur mon clitoris tandis qu’elle s’abreuve de mon jus. J’aimerais faire durer le plaisir, mais impossible : j’érupte. Elle se couche et me laisse la faire jouir à son tour tandis qu’elle appuie le pendentif sur son mamelon.

Elle me fait signe de venir m’étendre à ses côtés. Nous sommes entrelacées, nos nez sont pratiquement collés. « Heureuse d’enfin de te retrouver » qu’elle me chuchote.