8. Et la tendresse b…?

– On va de surprise en surprise avec toi Cassandra ! Je ne savais pas que tu connaissais ce genre de lieu !

L’homme d’affaire allemand s’exclame avec une pointe d’admiration dans les yeux. Cette situation a l’air de beaucoup l’amuser. Lui et Cassie se tiennent au sommet d’un haut immeuble de East London. La vue là haut est imprenable et ne manque pas de romantisme, surtout de nuit. On aperçoit au loin, à Canary Wharf, la tour au sommet pyramidal qui s’appelle One Canada Square, la tour tout en verre et en acier de HSBC et le Millenium Dome : une «Babylone futuriste», «du rêve pour les innocents», soupire Cassie, avant de repartir dans un rire et de s’écrier «Pourtant, ça me fait rêver moi aussi !»

– Les êtres humains sont incroyables au fond. On leur donne quelques tours et plein de petites lumières, et il donneraient tous leurs organes pour se sentir membres à part entière de cette cité qui brille, si sophistiquée et si au-dessus du commun des mortels.

– I wanna be a part of it… (paroles de la chanson New York New York, ndlr), chante Cassie à tue-tête.

– C’est exactement ça, dit Karl songeur, c’est du rêve que l’on vend ici.

Finalement, ce ne sont pas tant les gadgets et les vêtements de luxe… Qui l’eut cru !

– Vous savez me faire rêver Herr Schaffhauser ? demande Cassie en passant ses bras autour de son ami.

– Revoilà le discours de Cassie la «vamp», ironise Karl. Parle-moi de celle qui emmène les PDG allemand dans des immeubles désaffectés…

– Il n’y a pas grand chose à dire. Tout le monde sait que East London est plein de bâtiments industriels désaffectés et squattés par des artistes et autres jeunes un peu underground. Le petit ami de ma colocatrice est artiste ; il connaît un tas de coins comme ça. On est déjà allés à des mini-expos . Il y a eu une fête ici, il y a un bout de temps. Tu as vu les gars qui habitent là ? Ils se fichent bien qu’on aille sur le toit… Ils ont l’habitude…

– Voilà une face de Londres que je ne connaissais pas… Je n’aurais jamais cru pouvoir me trouver ici, si seul, dans un coin avec toi, en pleine nuit, au sommet de cet immeuble de squatters, avec ces lumières au loin. Ça me rajeunit. C’est assez grisant !

Karl prend la jeune femme dans ses bras et il l’embrasse fougueusement. Pas lascivement, comme la dernière fois. Ce baiser-ci est plus doux, comme celui d’un amant fougueux durant les premières années de fac. Cassandra  toute surprise a un léger mouvement de recul. Lorsqu’il a fini de l’embrasser, elle lui jette un regard défiant.

– Allons ma belle, je ne suis pas en train de te faire la cours, je ne suis pas amoureux de toi, tu le sais.

– Et alors… ? demande Cassie perplexe. On ne se connait même pas tant que ça.

– Alors justement Mrs. Lloyd. Je pense que c’est bon, parfois, d’avoir un vrai contact avec quelqu’un, une femme dans l’idéal quand même, juste pour se sentir moins seul. Juste pour avoir quelqu’un à enlacer dans les lumières de Canary Wharf, avant de repartir pour son pays…

Cassandra lève vers l’homme d’affaire des yeux étonnés, légèrement inquiets. Que craint-elle au juste ? Qu’il dise qu’il ne l’aime pas ? Ou juste qu’il tienne un discours pareil ?

– On peut être un requin en affaires et ne pas toujours avoir envie de vivre seul avec ses sarcasmes, son amertume et ses millions. Il faut baisser les armes parfois.

– Je ne suis pas amoureuse de vous non plus, dit Cassandra toujours dans les bras de l’homme d’affaire. Son ton est à la fois tendre et provocateur. Elle baisse les yeux. Non… Pas du tout.

Une étincelle pétille dans les yeux de Karl.

– Parfait.

Il l’enlace plus fort et il presse le visage de la jeune femme contre lui. Cassandra, sans savoir exactement pourquoi, agrippe à Karl. À cet instant, elle se sent toute petite, et plus proche de lui que de n’importe qui d’autre. Comme s’ils étaient deux enfants en train de se rassurer dans le noir. Comme c’est étrange ! Ce PDG à l’humour grinçant s’est transformé en un homme tendre pour l’espace d’un instant. Gare aux derniers coups de minuit !

– Déshabille-toi, s’écrie Karl.

– Ici ? En plein vent ?

– Aucun de tes amis ne montera.

Karl déshabille la jeune femme en jetant un regard flatteur sur toutes ses formes. Cassandra sourit. Il découvre les seins qu’il mange goulûment, il la fait asseoir pour lui retirer son jean et sa culotte. Cassandra assise nue en plein vent éclate de rire.

L’homme d’affaire se met nu à son tour. Il la rejoint et il l’enlace à nouveau au bord de la rambarde.

C’est effectivement très bon d’être au chaud dans ces bras, d’avoir ces deux corps pressés nus contre le vent, de se laisser aller… Auprès d’une personne que l’on n’aime pas !

Oui, Cassie se sent vulnérable, mais cela est acceptable, dans la mesure où Karl ne l’aime pas. Dans la mesure où il s’en va bientôt. C’est même ce qui lui permet de se sentir si complice avec lui. C’est comme jouer aux «amants», tout est permis, il n’y a plus de règle. Même se protéger devient inutile.

Karl allonge la jeune femme sur le sol froid. Cassandra lui caresse les cheveux en même temps qu’il l’embrasse. Ses baisers sont mille fois plus excitants que la première fois. Elle sent son sexe devenir délicieusement humide et gonflé. Karl voit qu’elle commence à agiter ses reins d’avant en arrière , il sourit et il glisse sa main entre ses cuisses.

– Comment ? À ce point ? ironise t-il.

Cassandra pousse un soupir de plaisir.

– Je peux te sucer un petit peu ? demande t-elle d’une voix douce qui la surprend.

– À ton service, dit l’homme d’affaire déjà sur les genoux.