Putain de toi comme a dit l’autre.
Putain de toi d’avoir en poche toutes les clés de mes désirs et en pendentif principal ton indifférence dans les yeux. Putain de toi de putain de porc de toujours me faire le même effet de me ramener à la petite fille que j’étais.
J’y étais encore, à mijoter de jurons, alors que je m’entendais répondre un «Oui m’sieur.» vraiment dégueulasse.
– Sarah, va falloir que tu rentres à 8h00 finalement. On est understaff parce que Camille peut pas rentrer. Elle est tombée en bas de ses talons hauts.
– Tu m’niaises?
– À tantôt!
Sept heures et quart. Merde. Trouver mes affaires et filer. Filer comme une bonne vielle chienne obéissante…
Andrew me regardait tourner en rond dans la pièce surtout Andrew ne bouges pas et ne m’aide pas à chercher la petite culotte que tu t’es précipité à enlever… Il irradiait ce connard, couché en travers du lit avec ses grands cheveux blonds qui lui trainaient dans le visage. Il me souriait d’un air de vouloir dire précisément: « Je ne t’aiderai jamais à retrouver ta culotte. Je te veux la chatte à l’air le plus longtemps possible.» Et je pensais : « je devrais dire à Alex d’aller se faire foutre… Je lui dirai, à Alex, d’aller se faire foutre. Je vais le rappeler pour lui dire que je suis en train de me faire sauter comme une louve à la pleine lune et qu’il a juste à se crosser en attendant que j’arrive.»
Je me mis en quête de mon portable.
…
…
…
Pas de réponse.
Peut-être était-il vraiment en train de se crosser… ou de baiser… avec Camille… la salope… …Stop. Mon imagination m’emportait encore trop loin et allait m’essouffler sur place avant même que je n’aille réussi à retrouver…Ah! Ma jarretelle…
…Je suis consciente que porter une jarretelle systématiquement est un peu étrange.
Mais j’adore les voir mordre dans la dentelle et sentir leur nez me glisser de la cuisse à la cheville. C’est un fétiche comme un autre.
Je me suis habillée avec minutie, consciente que je n’aurais pas le temps de me changer et que je puais le sexe à plein nez. Si au moins je pouvais sauver les apparences…
J’ai quitté la pièce en tirant sur ma minijupe d’une main et en fixant ma montre de l’autre; j’étais en retard et je n’avais jamais retrouvé ma culotte.
Putain de con de putain d’Alex. Quand je suis arrivée, y’avait même pas dix clients dans le bar. Il aurait très bien pu faire encore deux heures sans moi. J’ai mis mes bouteilles sur le speedrail en grognant jusqu’à ce que Nathan se pointe et m’oblige à sourire.
– Ton frigo est plein, tes limes sont coupées, pi jviens de voir Alex manquer de se casser la gueule sur une glace à terre fa’que souris! Avant d’avoir oublié comment faire!
– Ça va Nathan?
– Toujours.
Et il a poursuivi son chemin en voyant un de mes réguliers, John, se diriger vers moi. J’ai mis deux onces de vodka cheap dans un verre sans glace avec lequel je l’ai salué.
J’aime bien Johnny. Il me fait la conversation, prends toujours la même commande et me paye bien. Pourtant il n’est pas très riche. Il répare des voitures de luxe dans un garage quelconque. Il m’a déjà donné sa carte d’affaire mais je m’en suis servi pour faire des filtres pour mes joints. Il faudrait que je lui en demande une autre…Johnny, c’est un vrai gentleman. Et d’habitude j’aime bien écouter ses histoires quand j’ai une minute. Mais alors qu’il commençait une anecdote à propos de Guido Molinari, j’ai dû l’interrompre pour aller servir une fille accoudée plus loin au bar, un peu dans l’ombre. J’ai sursauté à la vue de son visage rond comme une lune, luisant au centre de sa lourde chevelure noire. Ses yeux riaient à cheval sur sa bouche sérieuse, énorme et écarlate. C’était la plus belle fille que j’avais vu de ma vie.
© Sarah G. Vous pouvez lire tous les textes publiés sur ce site, sous réserve d’en faire un usage exclusivement personnel ou selon le droit habituel de citation.
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