La masturbation, cette coquine! Saviez-vous que le mois de Mai lui est dédié? Avec raison : en 1995, aux États-Unis, une chirurgienne de renommée a été renvoyée après avoir déclaré au grand public que la masturbation est partie intégrante de la santé et du bien-être sexuels. Depuis, le mois national de la masturbation se célèbre en Mai, et c’est bien thématique. Avec l’éclosion de la vie et le doux retour de la chaleur, le printemps nous invite de la même manière que la masturbation à nous connecter à notre sensualité et aux petits plaisirs de la vie. En guise d’hommage, Séduction vous propose aujourd’hui une réflexion sur les mythes contemporains qui entourent la masturbation et les merveilleux bienfaits de cette pratique.

Quelques distinctions s’imposent… 

Concrètement, la masturbation consiste à se procurer un plaisir sexuel et érotique par soi-même, généralement en stimulant directement ses organes génitaux. Qu’on utilise nos mains ou nos jouets favoris, les objectifs sont multiples. En effet, si la masturbation engendre un plaisir tangible, on peut aussi y avoir recours pour des raisons d’avantages émotionnelles et psychologiques. Ce qu’il faut comprendre de la masturbation, c’est qu’elle se distingue fortement de la relation sexuelle partagée. Elle est précieuse et spéciale, car il s’agit d’un moment d’intimité qu’on s’offre à soi-même. C’est une expérience d’authenticité, une opportunité de sainement centraliser notre plaisir et de se libérer des pressions qui peuvent accompagner la sexualité partagée, comme celles de la performance physique, de la communication et des anxiétés liées à l’image corporelle. Étant donné que nous sommes les premiers et premières détentrices de notre plaisir, la masturbation devient ainsi un bel outil de découverte et d’épanouissement.Vous l’aurez sans doute remarqué, c’est parfois une certaine gêne qui accompagne ce sujet, suivis de mythes tenaces. En vérité, la masturbation est source de controverse depuis l’Antiquité et le Moyen-Âge : longtemps désignée coupable de toutes les folies et afflictions, il faudra attendre la modernisation de la médecine et les mouvements de libération sexuelle, au 21e siècle, pour que celle-ci commence peu à peu à être normalisée. Si la science nous confirme aujourd’hui son importance et ses nombreux bienfaits, son histoire plongée dans l’obscurité et le tabou lui pose encore obstacle.

Des mythes et des bienfaits

À ce jour, on continue de traiter la masturbation comme une sexualité secondaire. Cette idée, qui résulte sans doute de mythes culturels sur l’importance du couple et des valeurs chastes, engendre toutes sortes de pensées nuisibles à la libération du plaisir sexuel. Le fait est qu’on compare souvent la masturbation à la sexualité de couple, et qu’on la perçois parfois inconsciemment comme étant moins satisfaisante et surtout moins valide socialement ; sorte de prix de consolation en attendant d’avoir du « vrai » sexe. Qu’elle drôle d’idée! Alors qu’on peut accomplir beaucoup à travers la sexualité à deux (ou plusieurs), pourquoi nier ce même potentiel au sexe en solo? Explorons ce point : au niveau de la santé physique, se masturber aide à réduire et à canaliser le stress positivement. Tandis que que la vie bat son plein et qu’on se retrouve dans la balade éternelle du métro-boulot-dodo, une p’tite vite avec soi-même constitue l’un des meilleurs remèdes de détente. Besoin de libérer des tensions, de vous soulager d’un mal de tête ou de vous endormir? L’endorphine, l’ocytocine et la dopamine produites s’en chargeront.

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Et qu’en est-il du couple?

C’est bien beau, tout ça, mais une crainte semble toutefois persister. Chez Séduction, on entend souvent cette réflexion : est-ce que la masturbation fréquente peut nuire à la proximité et la vie sexuelle du couple? Sachez que les études démontrent tout le contraire : la masturbation serait un excellent carburant à l’intimité du couple, pour quelques raisons notables. D’abord, elle nous enseigne notre corps et nos plaisirs mieux que quiconque : plus on s’y adonne, plus on est à même de maîtriser les zones, les caresses, les pressions et les cadences qui fonctionnent le mieux pour nous. Il deviendra ainsi plus facile de guider nos partenaires présents et futurs, ce qui a ultimement pour effet d’améliorer la qualité de la connexion et de la compréhension entre les partenaires.Similairement, puisque bien des gens éprouvent des malaises par rapport à la sexualité et le fait de se dévoiler à l’autre, la masturbation devient un lieu sécure où apprivoiser ces sentiments et gagner confiance en soi. Au fil de cette exploration, on peut graduellement se défaire de la honte et bâtir une relation saine avec son corps et son plaisir, pour ensuite mieux la partager à l’autre et jouir ensemble de cette satisfaction sexuelle renouvelée.Enfin, qu’un ou les deux partenaires du couple se masturbent chacun de leur côté n’est pas une preuve de désagréments sexuels ou relationnels. On le rappelle : la masturbation est un moment pour soi, qui n’appartient pas à l’autre. Que notre partenaire y ait recours pour se détendre ou explorer ses fantasmes, il n’en reste pas moins que la masturbation aide à susciter et entretenir le désir sexuel, quelque chose qui peut être bien bénéfique au couple. Même si le sexe à deux est une expérience qu’on peut qualifier d’incroyable, les innombrables bienfaits de la masturbation ne devraient pas être sous-estimés. Il s’agit d’une forme de sexualité toute aussi saine, agréable et légitime. Après-tout, elle est notre pas d’entrer dans le monde de la sexualité et elle continue, toujours, de colorer notre vie et nos intérêts sexuels.

Toujours des bienfaits…

Ces derniers points nous indiquent une preuve irréfutable : la sexualité et la masturbation sont bien plus vastes et complexes que la simple question des sensations physiques. Se masturber, ça réponds conjointement à plusieurs besoins de l’ordre psychoaffectif, c’est-à-dire les aspects plus émotionnels, mentaux et spirituels qui ont rapport à la sexualité. Alors qu’on vante souvent les avantages biologiques de la masturbation, cette dernière est riche en bénéfices plus abstraits, mais tout aussi importants pour l’individu. Elle permet notamment d’approfondir notre relation à nous-même en étant à l’écoute de nos envies et en cultivant une intimité avec notre corps et notre esprit. On entend d’ailleurs de plus en plus que se masturber c’est du self-care et c’est absolument vrai : s’offrir de la tendresse et se permettre d’être vulnérable avec soi-même, c’est transformateur. Que les effets soient au niveau de l’amélioration de l’estime de soi, de l’image corporelle ou même du développement d’une meilleure autonomie et intégrité dans son plaisir sexuel, on est activement en train de prendre soin de soi, de se combler, de s’offrir de l’amour et de s’actualiser.Qui plus est, la masturbation est un moment de liberté et d’honnêteté : en la pratiquant, nous avons l’opportunité de nous créer tout un imaginaire érotique. Qu’est-ce qui vous fait vibrer, au fond de vous? Quels sont vos fantasmes? On dit du cerveau qu’il est le plus grand organe sexuel, entre autres parce que le pouvoir de l’imagination et de l’immersion éveillent notre désir et notre excitation sexuelle aussi fortement qu’une caresse. Avoir un univers fantasmatique abondant et accessible favorise la connexion au plaisir et à soi-même, et il s’agit d’une habileté bien pratique à mobiliser même dans la sexualité partagée. Les fantasmes constituent parfois des indices sur nos motivations, nos valeurs, nos besoins sexuels : tout comme on apprend à se connaître en se touchant, une exploration mentale peut être toute aussi révélatrice. À méditer.

En ce mois national de la masturbation, Séduction vous invite à laisser libre court à vos envies. La sexualité étant un espace de créativité et d’exploration, rappelons que la masturbation possède de multiples facettes! Que vous soyez du genre à flirter avec votre jet de douche, à collectionner les jouets érotiques, à vous étendre sur le dos ou sur le ventre, à raffoler de vos mains, à vous frotter contre l’oreiller, visionner du porno ou planner dans vos fantasmes : toutes les méthodes sont bonnes! Votre plaisir vous appartient et il n’y a rien de plus beau que son expression libre et authentique. Développer cette relation avec soi-même, corps et esprit, c’est révolutionnaire. Dans une société qui veut parfois trop dicter quelles sont les « bonnes » sexualités, l’amour de soi et l’émancipation de son plaisir sont des actes de bravoure. Comme un ou une artiste, à vous de créer votre histoire sexuelle. Enfin, en ce joli moi de Mai, installez-vous sous la couette et vivez un pur moment d’intimité en explorant la masturbation solo, ou à deux, à trois, à quatre…

Revenez-nous d’ici quelques semaines pour notre prochain blog où il sera question de masturbation et de désir, à l’ère de la technologie. Au menu : pornographies et bien plus!