Déclarons-le immédiatement : la sexualité, c’est bien plus complexe qu’un simple agencement d’organes génitaux! C’est une danse physique, psychologique et sociale, un ensemble de comportements et de perceptions qui ont le pouvoir de nous révéler nos croyances profondes sur le plaisir, les genres et comment ça se fait, le sexe. Aujourd’hui, on examine la pénétration et d’autres pistes pour nous aider à changer le regard que nous posons sur celle-ci.
La circlusion : qu’est-ce que c’est?
Tout comme on nomme la pénétration pour décrire l’acte d’insérer le pénis dans le vagin, la circlusion est un concept qui met plutôt l’accent sur le travail effectué par le vagin pendant cette dite pénétration. Au sens littéral, le terme renvoie à une image assez circulaire : le vagin entoure le pénis, il se dilate pour « prendre » celui-ci. Cette notion est importante, car elle nous invite à voir au-delà de la simple insertion : l’idée de la circlusion permet de reconnaître toutes les implications derrière cette action, et le travail mutuel qui la fait fonctionner. J’y reviendrai.
Pourquoi en parler?
La question se pose : pourquoi avoir besoin d’un nouveau terme pour décrire un acte vieux comme le monde? Le concept de circlusion a vu le jour en 2016, gracieuseté de l’autrice féministe Bini Adamczak. Sa visée? Célébrer la sexualité des femmes et libérer les personnes dotées d’un vagin de ce rôle sexuel longtemps décrit comme étant passif, soit celui de « recevoir » le sexe sans y prendre part. Historiquement, il est vrai que la pénétration a longtemps été glorifiée, au point d’en être encore à ce jour considérée comme un pilier de la virilité et de l’hétérosexualité. Évidemment, il n’y a rien de mal à la pénétration comme telle, mais la société gagnerait à réviser son langage et sa perception quant à celle-ci.
Le vagin, un héros
Revenons donc à ce fameux « travail » produit par le vagin. Physiquement, c’est tout un processus qui prend forme : le vagin décode les sensations et y répond en augmentant sa circulation sanguine pour permettre de produire une lubrification, une dilatation et même une érection du clitoris. Les tissus se gonflent, leur pigmentation change… Vraiment, nous avons un univers entier dans la culotte! Même s’il est vrai que cette partie de l’excitation sexuelle est spontanément produite par l’organisme, ça n’en fait pas moins quelque chose de remarquable. Nos corps sont merveilleux, soulignons-le.
La passivité, un mythe
Qu’en est-il de tout le travail qui se fait en parallèle? La personne qui possède le vagin gère toutes les contractions vaginales et pelviennes qui favorisent le déclenchement et le repoussement de l’orgasme. Saluons d’ailleurs toutes les techniques dont elle use pour accroître le plaisir, dicter la séquence et s’ajuster à ce que fait l’autre : elle se positionne pour moduler l’angle et la profondeur de la circlusion, elle renchérit le va-et-vient en produisant certaines motions, elle écarte ou rapproche ses jambes pour produire différentes pressions, caresse l’autre et peut même se masturber. Les possibilités sont infinies, et le répertoire varie d’une fois à l’autre. Devant ces faits, impossible de clamer autrement : le déroulement de l’activité sexuelle est aussi grandement déterminé par les décisions, les réactions et les contributions de cette personne.
Ça ne s’arrête pas là non plus. Vous le savez, nos cerveaux sont aussi des organes sexuels, faisant de la sexualité une expérience très psychologique. Tout au long de la circlusion, la personne jongle donc avec d’autres facteurs intérieurs. Pour alimenter son désir, elle doit maintenir sa concentration, veiller à son immersion dans le moment et peut-être même explorer ses fantasmes. Elle doit aussi faire appel à ses compétences de communication : guider les mains de l’autre, changer la cadence, produire des expressions faciales, émettre des gémissements, des rires, des exclamations – toutes des formes de communication sexuelle essentielles. Que dire, finalement, du dirty talk : qu’il soit tendre ou osé, il agrémente la complicité et l’intimité du moment.
Changer notre regard
Quand on prend cette perspective en compte, on voit bien que la pénétration dépasse largement le fait d’introduire le pénis dans le vagin et d’alterner les mouvements. C’est toute la somme de ces gestes et signaux qui vient enrichir l’excitation des deux partenaires. Nous pourrions même aller jusqu’à dire qu’ils consolident la pénétration, en lui fournissant les mécanismes additionnels pour en faire quelque chose de fonctionnel et de jouissif. Qu’on en finisse donc avec cette idée de passivité! Aucune contribution n’est moindre et c’est ça, finalement, qui permet aux corps et aux esprits de se synchroniser, de poursuivre leur travail et de s’abandonner au plaisir du moment.
À vous, lecteurs et lectrices, la circlusion s’impose donc comme une sorte d’appel à repenser la pénétration pour ce qu’elle est véritablement : quelque chose de beau et de complexe, qui exige que chaque personne s’y investisse à sa façon. En décortiquant les principes et les valeurs qui y sont associées, on redonne du pouvoir aux femmes et on priorise le plaisir de tout le monde!
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