Il fait gris ce jour-là. Le quartier d’affaire que la jeune femme aperçoit depuis la baie vitrée a un air mélancolique. Cette fois, continue t-elle, c’est pour me faire convaincre que je dois accepter de partager mon homme. Qui que soit l’ex de Valons, elle doit avoir un bon métier pour travailler dans les parages. À moins qu’elle ne vende des sushis dans un take away ? Une Japonaise peut-être ?
Une femme approche. Cassie sursaute.
-Cassandra… Comme c’est étrange de vous retrouver maintenant.
-Vous êtes… ? Un frisson parcourir l’échine de Cassandra.
-Birgitta Schaffhauser, la sœur de votre ami et élève, Karl Schaffhauser.
Cassandra reconnaît ce visage simple et souriant aux traits forts qui lui rappellent Karl. Bien sûr. Qui aurait l’air plus sérieux et respectable pour défendre une relation polyamoureuse ? Une avocate en plus !
-Vous connaissez donc Louis ?
-Nous sommes sortis ensemble pendant huit mois. Pas si mal à Londres.
-Il y a longtemps ?
-Il y a quelques années, après mon divorce. Louis était encore tout jeune.
Britta reprend son souffle.
-Vous savez, je n’aurais pas été pour faire un discours sur ce qui ne regarde personne d’autre que moi et Louis. Mais quand j’ai entendu votre nom, j’ai été amusée.
-Je ne sais pas si « amusant » est le mot que j’emploierais, dit Cassandra un tantinet vexée. Je… Je dois déjà entendre ces histoires de « polyamour ». Maintenant, je vois ma vie privée exposée auprès d’une quasi inconnue.
-Votre vie privée, dit Britta, ne m’étais pas si inconnue il me semble. Karl souriait lorsque je vous ai mentionnée une fois.
Cassandra rougit.
-Ça ne vous gêne pas de parler à quelqu’un comme moi ? Je veux dire… Une petite prof de langues…
-Je n’ai pas toujours été avocate. Et j’ai été jeune… répond simplement Britta en haussant les sourcils.
-Vous êtes bien la sœur de Karl.
Cassie hésite.
-Vous l’avez beaucoup aimé ?
Britta ne détourne pas le regard de la City tout assombrie par la grisaille.
-Louis a un talent pour satisfaire les besoins des autres. C’est sa passion : il a besoin de comprendre ce qui nous manque et de combler tous les vides, tous les besoins. Il a besoin qu’on ait besoin de lui. Pour moi qui a l’époque étais dévastée par ma séparation, pour moi qui me voyait condamnée à me faire traiter de mauvaise mère par les parents et de « trop maman » par les gens des affaires, Louis a été un cadeau.
Cassandra ne dit rien, tout absorbée qu’elle est à essayer d’accepter ce nouveau Louis Valons qui joue les héros auprès des femmes plus âgées.
-Rendez-vous compte, ce que c’était pour moi d’être désirée. Après passer des journées au travail, à servir le dîner aux enfants… Juste avoir un regard de désir et de tendresse pour moi. Juste pour moi.
-Juste pour vous et pour quelques autres…
Britta soupire et se renfonce dans son fauteuil.
-Juste pour moi – durant ces moments-là. Et ça suffisait.
-Vous n’auriez pas voulu « juste pour moi » tout le temps ?
-Peut-être. Mais pour qui connait Louis, c’est irréaliste. Louis a bien trop besoin de plaire à tout le monde, d’être adoré de tout le monde. Il a une telle angoisse de ne jamais être assez bien…
-Il n’a qu’à s’en faire soigner, bougonne Cassie.
Britta sourit.
-J’ai vécu assez longtemps pour savoir que les gens ne changent pas. Qu’ils faut qu’on les accepte tels qu’ils sont, ou alors s’en aller. Vous étiez seule. Vous ne l’êtes plus. Vous avez à présent un amant prodigieux, attentionné, tendre… Pourquoi est-ce que vous retourneriez seule ?
-Parce que… Parce que quand on aime, ce n’est pas pareil.
-Alors mieux vaut ne pas aimer !
-Vous n’avez jamais aimé vous ?
Cassie se mord aussitôt la lèvre. Elle sait qu’elle est allée trop loin. Britta sourit
-Oh si ! Et je sais ce que c’est d’être trahie et d’être abandonnée. Je sais ce que c’est que de vivre ici, travailler dur pour tout faire tenir ensemble et… de ne pas y arriver. On se demande pourquoi on y a mis tant de soi. On se demande pourquoi on a été si naïf
Une petite pause.
-Et on apprend à se contenter de ce qui est réaliste. Louis ne m’a jamais rien caché de ce qu’il était. Il ne m’a pas offert un amour de contes de fée, mais quelque chose de réaliste et… de plus vrai je dois dire. C’est quelque chose que je n’ai pas retrouvé depuis…
-Alors pourquoi avoir arrêté ?
-Je suis partie travailler à Liverpool pendant deux ans. Puis je suis revenue. Le temps avait passé, nous avions chacun fait notre chemin…
-Vous retourneriez avec lui ?
Britta qui jusqu’alors souriait sans un voile de tristesse a tout à coup les yeux humides.
-Il m’a déjà dit qu’il ne m’aimait plus… comme avant. Ça n’aurait été que du sexe entre nous… Par nostalgie. Je ne voulais pas ça. Mais je ne cacherai pas que j’aurais voulu qu’il m’aime encore.
-Mais il pourrait… Après tout… S’il est polyamoureux.
-« Polyamoureux » signifie qu’on est amoureux… Pas qu’on couche avec qui on veut sans sentiments.
Ces derniers propos plongent Cassie dans une abîme de perplexité.
-J’aurais peut-être préféré qu’il soit coureur plutôt que « polyamoureux ». Je ne comprends pas Britta… Ça me semble si bizarre…
-Vous n’avez jamais eu de sentiments pour deux hommes à la fois ?
-Si… Johnny Depp et Brad Pitt.
-Vous pourriez rencontrer quelqu’un de très différent et de non moins charmant… Vous dire alors : « Si seulement j’avais pu essayer… »
-Mais c’est ce qui fait que l’on s’aime non ? Avoir foi en une unique personne. Savoir qu’on vaut la peine de… de passer à côté de quelque chose. Est-ce qu’on a encore de la valeur sinon ?
-Alors l’amour est une question d’ego selon vous?
-Eh bien… Peut-être…
-Mettons que c’en est une. Qu’est-ce qui vous empêche de faire abstraction de ce qui se passe quand vous n’êtes pas là ? Louis ne me parlait jamais de sa vie amoureuse en dehors de notre couple.
-Mais je saurai dès qu’il me dira « Désolée chérie, je suis pris ce soir », qu’il est avec quelqu’un d’autre. Et que se passe t-il si je veux vivre avec lui ? Il va inviter son autre relation chez moi ?
-Vous allez imaginer un peu loin…
-Mais c’est ça aussi une relation amoureuse, non ? Tirer des plans sur la comète, s’imaginer dans un nid à deux… Je n’ai encore jamais connu ça Britta et… C’est ce que je souhaite.
-Alors redevenez célibataire !
Cassie fait une tête de deux pieds de long. Quelque part, elle aurait aimé que Britta trouve une formule miracle qui lui clouerait le bec et la convaincrait définitivement qu’elle doit s’engager dans son histoire polyamoureuse.
-Je voudrais nous donner une chance.
-Entendu. Alors donnez-vous une chance et essayez un peu.
-… D’accord.
Britta sourit. Au fond, un avocat, ou un psy, ne fait jamais que révéler ce que les clients savent déjà. Ils arrivent avec toutes leurs questions et toutes leurs contradictions et on ne fait que leur tirer les vers du nez.
Louis attend Cassie devant chez elle. Cassie le connait assez pour voir dans son regard humide et sa lèvre au coin replié vers le haut en un demi-sourire qu’il est angoissé de savoir ce que l’entretien a donné. Il porte un léger fouloir impeccablement roulé et noué autour de sa nuque : très français. Cassie enfonce son visage dans ce creux parfumé. Louis la reçoit avec un soupir de tendresse et d’inquiétude. Il la serre un peu, pas assez pour qu’elle se sente prisonnière. Cassie se dit qu’il lui donne ainsi le choix de s’échapper. Dans sa main gauche, il tient un mocha latte : exactement ce que Cassie prend en sortant du travail. Quelle douceur chez cet homme, quel tact. Tous ses gestes témoignent toujours d’une attention particulière envers autrui. C’est comme ce bijou art déco qu’il lui a offert l’autre jour, parce qu’elle lui avait parlé il y a longtemps d’une expo qu’elle avait vu au V&A. Mince, pourquoi ne pas lui laisser une chance ! On peut bien être bizarre, du moment qu’on vous traite comme une reine et qu’on vous fait jouir quatre fois dans la soirée. Elle se blottit dans ses bras.
-Tu ne me tiendras pas au courant de ce que tu fais de ta vie Valons ?
Louis lui caresse les cheveux.
-Pas si tu n’y tiens pas.
-Je n’y tiens pas.
-Ça te fais souffrir ?
-Ça… me dérange. Tu as intérêt à me faire oublier tout ça.
Louis embrasse la jeune femme passionnément. Elle sent à nouveau son bassin se coller contre le sien comme une prise à un mur. Le contact est électrisant. La langue de Cassie surgit aussitôt de sa bouche pour se nicher dans celle du jeune homme. Elle se sent vulnérable, fragile, amoureuse et frénétiquement en besoin d’amour. Elle soupire à plusieurs de reprises de façon très explicite. Louis Valons, arrondit sa main autour de son sein tout en caressant sa chevelure.
-Tu as besoin de me sentir tout à toi Cassie Lloyds ? Tu veux que je fasse tout ce que tu veux ?
-Je veux te sentir tout à moi…, soupire Cassie.
-Je suis tout à toi… Tu es tellement sublime… Tellement sexy… Tellement spéciale pour moi…
Cassie grogne de plaisir tout en déboutonnant la chemise de son amant. Elle veut sentir sa peau si délicate, si douce… Le corps de Louis correspond tellement à sa personnalité : la peau de son torse est comme une peau de femme. Tendre et laiteuse. Surtout sur le côté du torse, elle est tellement douce qu’elle paraît fragile. Et cette odeur… Cassie ne se lasse pas de caresser son amant à cet endroit. Ce simple contact la rend folle, il lui semble que tant de désir va la faire exploser.
-Oh Louis… C’est injuste. Tu ne ferais rien que je pourrais jouir rien qu’à te toucher.
Louis sourit.
-Tu veux essayer ?
-Tu sais… C’est cette peau… Et cette fourrure blonde si soyeuse là… Ce creux chaud…
Cassie se cabre de désir en déshabillant son ami.
-Oh chéri… Il ne faut rien faire qui ne te soit pas demandé. Promis ?
-Promis.
Elle déboutonne son propre chemisier et elle dégrafe son soutien-gorge. Puis elle se penche. Ses jolis seins pendent comme des fruits tout juste mûrs au-dessus du visage du jeune homme. Elle frotte ses tétons contre ses lèvres entrouvertes. Louis ferme les yeux de plaisir, le corps tout tremblant de s’empêcher de saisir la jeune femme.
Cassie se relève un moment, se laisse voir, avant de retourner à la bouche du jeune homme.
-Tu peux sortir ta langue maintenant. Juste un petit peu.
Louis s’exécute. Le contact de cette langue humide fait mouiller Cassandra abondamment.
-Regarde ce que tu me fais…, dit elle.
Elle fourre un doigt dans sa culotte. Louis aperçoit à travers le tissu, la forme du doigt qui bouge d’avant en arrière. Cassie soupire. Elle frotte tout le haut de son corps contre le corps nu de son amant. Elle resserre ses seins l’un contre l’autre en passant un instant au niveau de la verge. Louis laisse échapper à son tour un soupir d’aise.
-Je voudrais te toucher les fesses.
Louis se met sur le côté et se laisse admirer et caresser à loisir. Cassie embrasse tout le corps du jeune homme, laissant errer sa bouche le plus longtemps possible sur cette surface sans défaut.
-J’ai envie de te prendre… De te chevaucher Louis Valons.
-Rien ne saurait m’exciter d’avantage.
Le jeune homme ne peut même pas s’empêcher de faillir à sa parole. Il attrape la jeune femme par les reins et comment à lui enlever sa culotte. Ce mouvement involontaire ne fait qu’exciter Cassie d’avantage. Elle se plante sur la verge de son amant et commence à bouger frénétiquement. Ses seins lui font presque mal tellement ils bougent exagérément. Elle crie sans se retenir, se sentant en liberté totale. Elle veut comme réussir à persuader Louis qu’à cet instant, il n’est qu’à elle, qu’il ne pense qu’à elle, qui ne désire qu’elle. Cet anglais avec lequel Louis sort n’aura jamais rien d’aussi excitant à montrer. Elle prend les fesses de son amant et continue sa cavalcade.
-Tu vois cette chatte comme elle trempe pour toi chéri ?
Louis pousse un gémissement à peine perceptible et Cassandra sent le fluide chaud se répandre en elle.
-Ça ne te gêne pas de me voir te monter dessus, te toucher les fesses et crier sans retenue ?
-Ma seule fierté, c’est de donner du plaisir à celle que j’aime, murmure Louis d’une voix très douce.
-Je n’avais jamais vu ça avant. Louis Valons, tu dois être une femme.
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